Le poète est ainsi.
Esseulé dans ses jours, il arrache une page
À l'histoire sans fin des rêves imprécis,
La dorlote d'un nom, redessine l'image
Et en fait l'ambition des rêveurs indécis.
Erudit de l’attrait, maitre de l’insolence,
Il dérobe un rayon au soleil de l'amour,
Embrase ses ardeurs dans un verbeux silence
Aux vestales donnant des désirs de glamour.
Il fleurit le penchant de femmes accueillantes
Débitant l’artifice au coquin pantouflard,
Surmené d'ériger des idylles vaillantes
Pour ragouter l'envie à l'ami rigolard.
Il caresse les mots d'un revers de sa plume,
Les enchaine aux soupirs de l’amant éconduit,
Se déchire le cœur l’éteint et le rallume,
Subjugue la coquette avant d’être séduit.
Il pousse l’inconscient à un cri de colère
Ebahit par l’erreur d’impassible émotion
Quand le temps agonise au chevet de la Terre
Et que pour réagir il attend la motion.
Il transmet les valeurs à l’enfant successible,
Lui fait voir l’avenir, le mène par la main,
Il gomme le passé, redessine la cible
Et vers la différence indique le chemin.
Il brise le silence étouffé des révoltes,
Méprisé des magnats, redouté des seigneurs,
Puis sans crainte ni loi, se rit des virevoltes
Des tyrans de la honte engoncés de grogneurs.
Il rapproche l’étoile à l’écart des planètes
Et s’échappe un moment dans un autre univers.
Il gagne le défi au lancer de comètes
Et offre à l’ahuri la fiction de ses vers.
Profane du désir, amant de fantaisie,
Dévot inconsolable à l’esprit imagé
Il prêche l’illusion, escroc de l’hérésie
Et absout tous les saints d’un mutisme outragé.
Erudit du savoir ou erreur de grammaire,
Conformiste insurgé ou mutin sans-souci,
Figurant de fiction ou artiste sommaire,
Honni ou adulé, le poète est ainsi.
30.05.2011